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Le ghosting dans le recrutement : pourquoi ça explose (et comment l’éviter)

  • Photo du rédacteur: Marine Gines
    Marine Gines
  • 10 oct.
  • 5 min de lecture



Un jour, tout va bien.


Le candidat est enthousiaste, il confirme son intérêt pour le poste, l’entretien se déroule dans une ambiance constructive… et soudain, plus rien. Silence radio. Plus de réponses aux mails, plus de messages sur LinkedIn, le téléphone reste muet.


Le phénomène du ghosting n’est plus réservé aux relations amoureuses. Il s’est invité dans le monde professionnel, et plus particulièrement dans le recrutement. Aujourd’hui, il touche des deux côtés : des candidats disparaissent sans prévenir, et des recruteurs cessent tout contact sans donner de nouvelles.


Ce n’est pas seulement un manque de politesse. C’est devenu le symptôme d’un marché de l’emploi bouleversé par la digitalisation et les nouvelles dynamiques de pouvoir.



Pourquoi le ghosting dans le recrutement explose-t-il aujourd’hui ?

Pendant longtemps, le recrutement suivait un schéma clair : le recruteur avait la main, le candidat attendait. Mais aujourd’hui, le rapport de force s’est inversé dans de nombreux secteurs.


Dans la tech par exemple, les bons profils reçoivent trois, quatre, parfois cinq propositions par semaine. Un développeur confirmé peut avoir plusieurs process ouverts en parallèle. Alors, quand une opportunité plus attractive se présente, certains préfèrent disparaître plutôt que prendre le temps de dire “merci mais non merci”.


Mais attention : le ghosting n’est pas l’apanage des candidats. Les entreprises, elles aussi, en sont responsables. Trop souvent, elles laissent des dizaines de candidatures sans réponse, créant une frustration énorme. L’absence de feedback est devenue une norme implicite. On connaît tous ce fameux message silencieux : “Si on ne vous rappelle pas, c’est que ce n’est pas bon.” Ce climat habitue tout le monde au silence… et l’entretient.


La digitalisation n’a rien arrangé. On postule désormais en un clic, parfois sans même lire l’annonce. Les CV sont générés par IA, les lettres de motivation copiées-collées. Tout va plus vite, mais tout est aussi plus impersonnel. Derrière l’écran, il est beaucoup plus simple de disparaître que d’assumer un refus ou une explication.


Enfin, il y a un effet miroir redoutable : un candidat ghosté par une entreprise se sentira moins coupable de ghoster un autre recruteur. Le ghosting engendre le ghosting. C’est une spirale silencieuse qui fragilise encore un peu plus la confiance entre les deux parties.


Les outils digitaux : alliés ou ennemis ?

À première vue, on pourrait penser que la technologie allait régler le problème. En réalité, elle l’aggrave autant qu’elle le résout.


D’un côté, les ATS (Applicant Tracking Systems) et autres logiciels de gestion des candidatures se veulent des alliés. Mais dans la pratique, beaucoup d’entreprises configurent ces outils au strict minimum. Résultat : un simple accusé de réception automatique et plus jamais de nouvelles. Pour le candidat, c’est encore pire qu’un silence humain, car il n’y a même plus d’espoir d’une réponse.


Les réseaux sociaux, et LinkedIn en particulier, amplifient aussi le phénomène. Les sollicitations se multiplient, les messages affluent, mais combien restent sans réponse ? L’inflation de contacts rend le suivi quasi impossible, et favorise encore une fois le non-dit.


Et pourtant, bien utilisés, ces mêmes outils peuvent changer la donne. Certains cabinets investissent dans des CRM candidats qui garantissent une réponse systématique, même négative. Des chatbots RH sont capables d’informer en temps réel de l’avancée d’un dossier, réduisant ainsi l’incertitude. Certaines plateformes d’entretien vidéo proposent même des retours instantanés après les échanges.


Autrement dit, ce n’est pas la technologie qui est en cause, mais la manière dont on l’utilise. Mal configurée, elle entretient le silence. Bien pensée, elle redonne au contraire de la fluidité et de la transparence aux échanges.


Les impacts concrets du ghosting

Le ghosting ne se limite pas à une gêne passagère. Il a de vrais impacts.

Pour les recruteurs, il représente une perte de temps colossale. Chaque process de recrutement mobilise de l’énergie, du temps et parfois même de l’argent. Quand un candidat disparaît sans prévenir, c’est toute une planification qui tombe à l’eau. Cela peut aussi retarder le recrutement, et parfois coûter cher à l’entreprise en manque de ressources.


Pour les candidats, le ghosting est une source de frustration et de démotivation. Attendre une réponse qui ne viendra jamais est usant, surtout après avoir investi du temps dans un processus. Pire encore : le ghosting dégrade l’image de la marque employeur. Un candidat ghosté aujourd’hui peut devenir un futur client, ou un futur collaborateur sur une autre mission. Et il se souviendra de ce silence.


Enfin, pour le marché de l’emploi dans son ensemble, le ghosting alimente un climat de défiance. Quand chacun s’attend à être ignoré, la communication se dégrade, les relations se fragilisent, et les process perdent en efficacité.


Comment sortir du piège du ghosting ?

Côté recruteur, tout commence par la transparence. Annoncer clairement les étapes et les délais permet d’éviter les malentendus. Même une réponse négative vaut mille fois mieux qu’un silence.


Le feedback est également essentiel. Il ne s’agit pas d’écrire un roman, mais de donner un retour, même bref. Un simple “Votre candidature ne correspond pas à ce que nous cherchons actuellement, mais nous gardons votre profil en tête” suffit à humaniser la relation.


Un autre levier est la personnalisation. Les candidats savent reconnaître un mail automatique. Prendre trente secondes pour ajouter une phrase personnalisée peut faire une énorme différence.

Enfin, il est crucial de repenser la relation candidat dans son ensemble. Le recrutement n’est pas une transaction ponctuelle, c’est une expérience. Et cette expérience construit, ou détruit, la réputation de l’entreprise.


Côté candidats, la responsabilité existe aussi. Dire “non merci” ne coûte rien. Refuser poliment une offre, ou simplement prévenir qu’on a choisi une autre opportunité, permet de laisser une bonne impression. Et dans un monde professionnel où les réseaux s’entrecroisent, ça peut éviter de fermer définitivement des portes.


En bref...

Le ghosting dans le recrutement est souvent présenté comme une question de respect ou de politesse. C’est vrai, mais c’est surtout le reflet d’un marché du travail en profonde mutation.


La digitalisation a accéléré les échanges, mais elle a aussi réduit la profondeur des relations. Les outils permettent de gérer des volumes immenses, mais ils risquent de déshumaniser les process. Le ghosting n’est pas une fatalité : c’est une conséquence logique quand la relation humaine passe au second plan.


Chez MAD, nous en sommes convaincus : les outils ne remplaceront jamais la relation. La technologie doit rester un support, pas une excuse pour disparaître. Notre rôle est de recréer du lien, de remettre la communication au centre et d’accompagner chaque acteur du marché — candidats comme entreprises — dans un climat d’engagement et de sincérité.


Parce qu’au fond, le vrai antidote au ghosting n’est ni un logiciel, ni un process. C’est la capacité à dire les choses. À être clair, même dans le refus. Et à comprendre qu’au bout de la chaîne, il y a toujours une personne, pas juste un profil.


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