Pourquoi les CTO ne trouvent plus de Tech Lead
- marine430
- 2 juil.
- 3 min de lecture
(et ce que ça dit du niveau des candidats)

C’est un constat qu’on fait souvent chez mad : malgré une multiplication des candidatures affichant fièrement "Tech Lead" sur LinkedIn, les vrais profils capables d’assumer ce rôle sont rares.
Et ce ne sont pas les CTO qu’on accompagne qui diront le contraire.
"On cherche un Tech Lead depuis 6 mois. On voit passer des développeurs très bons techniquement, parfois brillants… mais pas un seul ne coche les bonnes cases."
On pourrait croire à une pénurie.En réalité, le vivier est là. Ce qui manque, ce sont les compétences clés du rôle – celles qu’on ne voit pas dans une stack, mais dans un comportement, une posture, une capacité à faire grandir une équipe.
Un Tech Lead, ce n’est pas juste un "Senior ++"
C’est probablement l’erreur la plus fréquente : imaginer qu’après 6 ou 7 ans de développement, on est naturellement prêt à "passer Lead".
Mais ce rôle ne s’improvise pas. Il ne s’atteint pas par ancienneté. Il s’assume, il se travaille, il se construit.
Être Tech Lead, ce n’est pas juste coder vite et bien. C’est prendre des décisions techniques éclairées dans un contexte produit précis. C’est savoir trancher, expliquer, prioriser, même dans l’incertitude. C’est accompagner les autres sans devenir un goulot d’étranglement permanent.
Et surtout : c’est comprendre que la réussite d’une équipe n’est pas corrélée au niveau individuel de ses membres, mais à leur capacité à fonctionner ensemble. Le Tech Lead est justement là pour créer cette dynamique collective.
Ce que les candidats oublient (presque toujours)
Dans 8 recrutements sur 10, les profils qu’on rencontre ont de vraies qualités techniques, parfois même un bagage impressionnant. Mais quand on gratte un peu, on tombe souvent sur les mêmes angles morts.
1. Une vision trop "stack-centric"
Beaucoup de développeurs se spécialisent dans une stack et deviennent excellents dans ce périmètre. Mais un Tech Lead doit être capable de sortir de cette zone de confort. Il doit comprendre les enjeux d’architecture globale, de scalabilité, de dette technique, mais aussi les contraintes métiers. Et non, connaître les grandes lignes d’un outil ou avoir lu une doc un soir ne suffit pas.
2. Un manque criant de leadership "humain"
On oublie trop souvent que "lead" implique "leadership". Et pas juste sur les choix techniques.
Est-ce que ce candidat sait faire du feedback constructif ? Est-ce qu’il a déjà aidé un junior à progresser, ou simplement corrigé son code en silence ? Est-ce qu’il sait dire non à un PO… sans bloquer tout le sprint ?
Ces compétences ne s’apprennent pas dans un bootcamp. Elles demandent de l’introspection, de l’humilité, et du vécu. Et pourtant, elles font toute la différence entre un "bon dev"… et un vrai Tech Lead.
3. Une mauvaise compréhension du rôle
Enfin, nombreux sont ceux qui confondent Tech Lead avec "lead dev", ou pire : "architecte avec un peu de mentoring". Or, ce rôle est transverse par essence.
Un bon Tech Lead navigue entre :
les attentes produit,
les capacités techniques de l’équipe,
les contraintes business du moment,
les ambitions à moyen terme.
C’est une figure d’équilibre, un rôle d’interface, souvent sous pression, rarement valorisé à sa juste mesure.Et c’est précisément pour cela qu’il faut le préparer sérieusement.
Alors, où est le vrai problème ?
Si les bons Tech Leads sont aussi rares, c’est parce qu’on ne les forme pas.On pousse des développeurs talentueux à "prendre plus de responsabilités", parfois du jour au lendemain, sans accompagnement, sans coaching, sans filet.
On confond management et leadership.On valorise l’exécution au détriment de la transmission.Et on se retrouve, côté client, avec des équipes qui avancent… mais sans cap clair.
Résultat : les CTO cherchent, fouillent, postent, relancent… et finissent souvent par revoir leurs critères à la baisse.
Chez mad, on fait le tri (et on prépare le terrain)
Quand on recrute un Tech Lead, on ne cherche pas un cliché. On cherche un profil capable d’avoir de l’impact. Et ça passe par un process exigeant, taillé sur mesure :
On challenge les candidats sur des cas réels (prise de décision, communication d’équipe, arbitrage technique vs produit).
On creuse les soft skills : écoute, clarté, capacité à poser un cadre sans rigidité.
On alerte aussi les clients quand le contexte n’est pas clair, ou que les attentes sont démesurées.
Parce que oui, un bon Tech Lead ne fera pas de miracles dans une organisation floue. Et un mauvais Tech Lead peut freiner toute une équipe.
En bref...
Le marché ne manque pas de développeurs. Il manque de développeurs prêts à devenir des leaders techniques. Pas juste des experts. Des passeurs. Des connecteurs. Des gens qui savent autant coder que faire grandir une équipe.
Chez mad, c’est ce qu’on repère. Et c’est ce qu’on fait émerger.
Même si ça demande du temps, de la pédagogie, et parfois, de dire des choses qui piquent un peu.



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